Le rire est-il synonyme de joie ? Si l’on parle du rire,  nos souvenirs ne sont pas toujours des plus joyeux. Certaines de ces commémorations peuvent être liés à un malaise vécu dans une situation embarrassante (par exemple, une crise de rire (" fou rire ") lors d’une réunion), ou d’un rire " mal placé " (comme une moquerie). Cette " mauvaise " utilisation du rire peut ainsi provoquer une gêne dans la vie sociale.

          Le rire peut avoir des effets négatifs : par exemple un fou rire lors d’un enterrement. Ce phénomène est expliqué par le relâchement des nerfs. En réalité, ce type de rire est provoqué par un besoin du corps de relâcher une tension nerveuse (voire sexuelle ou agressive). Une crise de fou rire peut par exemple se déclencher lors d’un meeting politique, et s’avérer compromettante dans le cadre d’une image personnelle.

Dans ce cas, L’Homme a tendance à rire face à une situation difficile à gérer, afin de la fuir, de la contourner.

Certains auront tendance à rire dans ces mêmes situations non pas par peur, mais par plaisir sadique. Chez ces personnes, le rire se traduit par un signe de folie, un trouble psychologique.

Platon voyait le rire comme une grimace, le fait indigne d’un homme sage .Il considère le rire comme dangereux pour la cité. Il laisse le rire aux bouffons, aux fous, aux méchants et aux esclaves. Il considère donc ceux qui ne rient pas comme des responsables. Le rire est, pour le philosophe, futile et provoqué par un phénomène ou un sujet a priori de nature non intellectuelle.

L’Église  Chrétienne au Moyen-âge diabolise le rire : Jésus ne rit pas. Le rire est signe de folie, d’hérésie : il est la preuve que l’on ne se contrôle plus, l’Église y voit la prise de contrôle du sujet rieur par Satan.
        René Descartes et Thomas Hobbes condamnent eux aussi le rire, car il est preuve d’une perte de contrôle de soi.

Bergson définit le rire comme de « un mécanisme plaqué sur du vivant » : la réalité ne fait pas rire. C’est une manière de la dénigrer, de s’en amuser, une façon civilisé d’être nihiliste. Le nihiliste civilisé ne se rend  pas compte qu’il rit du non-sens de son existence.

Spinoza dans L’Éthique affirme que ce n’est pas le rire qui est mauvais en soit mais la haine qui peut s’en dégager s’il s’agit d’une raillerie. Spinoza ne condamne pas le rire en lui-même, mais les raisons pour lesquelles il peut être provoqué, et les conséquences qui s’en dégagent.

Une personne dont on rit sans cesse ne reste pas indemne aux moqueries incessantes qui lui sont infligées. Il y voit là l’instinct dominant de l’Homme qui consiste à se prouver qu’il est supérieur à ses semblables.
Le rire peut être un moyen pour un groupe de personnes de s’affirmer, de classifier la société en se riant de ce qui les entoure, et ainsi d’exclure certaines personnes.

Certains pensent et/ou affirment que l’on peut rire de tout. Mais tout n’est pas drôle en soi. Cela dépend de la position que l’on prend par rapport au phénomène ou le sujet observé.
Par exemple, les blagues antisémites qui font référence à la deuxième guerre mondiale font rire certains, mais sûrement pas les juifs dont des membres de la famille ont été persécutés. On rit beaucoup de celui qui n’est pas de notre culture, de nos origines. Ce rire est en fait révélateur de la xénophobie dont le rieur en question fait preuve.

Parfois le rire permet de surmonter une angoisse, de la tristesse. Ce rire est survient de manière inconsciente, afin de donner une image de bien être, de bon vivant alors qu’il peut masquer un manque total de bonheur et y remédier par le bien être éphémère que produit le rire. A propos, beaucoup d’humoristes s’avouent ne pas être aussi joyeux en privé qu’en public, voire même d’humeur sombre. Le fait de savoir provoquer le rire, ou rire soi-même, n’est pas spécialement signe de bonheur.